« Ma fille chérie, quand je serai vieille… »

« Ma fille chérie,
Quand tu réaliseras que je vieillis, s’il te plait sois patiente, et surtout, essaie de comprendre ce qui m’arrive.

Si, quand nous bavardons, je répète mille fois la même chose, ne m’interromps pas en soulignant : «Tu viens de me le dire, il y a deux minutes! » Contente-toi d’écouter, s’il te plait. Tâche de te souvenir de ton enfance, quand je te lisais la même histoire, soir après soir, jusqu’à ce que tu t’endormes.

Si je ne veux pas prendre mon bain, ne te fâche pas, ne me fais pas honte. Souviens-toi quand tu n’étais qu’une enfant, et je te courais après pour obtenir que tu passes sous la douche, malgré tous les prétextes que tu invoquais!

Quand tu constateras que je ne connais rien aux nouvelles technologies, laisse-moi du temps pour m’y faire et ne me regarde pas comme ça… Souviens-toi, mon cœur, qu’avec patience je t’ai appris bien des choses, comme manger proprement, t’habiller toute seule, te démêler les cheveux et faire face à la vie, au jour le jour.

Quand tu réaliseras que je vieillis, je voudrais que tu sois patiente, mais surtout, que tu essaies de comprendre ce qui m’arrive.

Si je perds le fil de notre conversation, parfois, donne-moi une minute pour m’y retrouver, et si je n’y arrive pas, ne t’énerve pas, ne hausse pas le ton. Sache, au fond de toi, que ce qui m’importe, c’est d’être avec toi.

Et si mes vieilles jambes lasses me ralentissent, donne-moi la main, comme je te donnais la mienne quand tu faisais tes premiers pas. Quand viendra ce temps, ne sois pas triste. Juste, sois là, et comprends-moi, tandis que je chemine vers la fin de ma vie avec tendresse. Je t’aimerai et te remercierai pour ce cadeau que furent le temps et la joie partagés.

Avec un grand sourire et cet amour immense que tu m’as toujours inspiré, je voudrais juste te dire… je t’aime, ma fille chérie. »

Guillermo Peña

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